SAINT MARTIN DE MONCLARIS
LIEU
Montclaris fût une paroisse du diocèse de Bazas jusqu’à la Révolution mais nous ignorons son origine et son importance dans la vie des seigneuries d’Aillas ou de Grignols. La dédicace à saint Martin, si elle est d’origine, peut laisser penser à une création du début de l’époque mérovingienne (fin V°-VI° s.)1. Les sites de nombre d’églises voisines de la vallée du Lisos qui sont très proches, ont livré des témoignages d’une occupation remontant aux IV° et V° siècles. D’autres conservent des vestiges romans des XI° ou XII° siècles2.
Les ruines de Saint-Martin de Montclaris sont d’expression gothique et ne conservent aucun élément antérieur visible. Nous ignorons s’il y eu une occupation ou des constructions qui ont précédé l’église actuelle
Son emprise peut comme à Saint-Sauveur-de-Meilhan recouvrir celle d’un édifice antérieur. Au-delà d’une typologie, l’édifice présente de fortes similitudes avec des églises voisines contemporaines ; le plan évoque celui de l’ancienne église de Saint-Sauveur-de-Meilhan, la nef rappelle celle de Notre-Dame de Sadirac (XIII° s.), le chevet celui dérasé de Saint-Michel de Campain (XIV° s.), les clochers celui de Saint-Jean-Baptiste d’Auzac (XIV° s.). Ces rapprochements prouvent s’il en fallait, que l’édification de Saint-Martin s’inscrit dans l’histoire de la construction des églises rurales du Midi et reflète parfaitement l’évolution de leur conception jusqu’à la guerre de Cent Ans.
Le hameau, relativement éclaté, ne conserve à l’ouest de l’église, qu’une bâtisse, qualifiée d’ancien relais de poste, présentant des vestiges des XV°, XVIII° & XIX° siècles et un séchoir à tabac moderne. A l’est et très proche du chevet, se dresse une grange de bois du début du XX° siècle et en bordure de route subsistent quelques murs de fondation d’une habitation probablement des XVIII°- XIX° siècles. Contre l’église se dressait le presbytère sur son flanc nord et le cimetière entre son flanc sud et la route. L’édifice est bâti à mi-pente d’un versant orienté est-ouest, sur une petite éminence qui s’est toujours maintenu hors des crues du Lisos. Le cimetière est construit par des apports de terre qui ont créé une plate-forme surélevée cernée de murs aujourd’hui en majeure partie démolis mais encore lisibles dans les terres, en limite de propriété à l’ouest et, sur une faible proportion, à l’est.
Le découpage parcellaire révèle un important regroupement de parcelles au niveau du hameau entre 1848 et nos jours. La voie communale en contrebas, à l’est, l’actuelle VC 1 (ancien chemin de Grignols et Cauvignac), a été déplacée et éloignée, entraînant la condamnation d’une mare au carrefour. Le tracé de la route de Montclaris à Bazas reste en place mais à été rectifié et recalibré.
III - 1 La période médiévale (1270-1350)
La mention la plus ancienne que nous connaissons fut relevée par Maurice Expert sur un tableau, réalisé à la demande du curé Bertrand François Castéra, probablement en 1828, et détruit par les eaux qui portait: “Fête de la Dédicace de N. D. des Anges, avec indulgence plénière en forme de jubilé, accordé par Notre Saint-Père le Pape Honorius III le 2 août 1228 et établi dans cette église pour y être célébrée le même jour à perpétuité par ordre de Mgr Jean-Louis Cheverus, archevêque de Bordeaux, à la sollicitation du curé Bertrand François Castéra".
Cette mention est erronée: Cencio Sarelli prit le nom d’Honorius III lorsqu’il fut élu au pontificat en 1216. Il mourût le 18 mars 1227. Se fonde-t-elle sur l’obtention d’une indulgence accordée par Honorius III et, en ce cas, antérieure à 1228 (si l’on se base sur une erreur de transcription peut-être 1218 ou 1226), ou est-ce une invention du Père Castéra dans une période de restauration de l'Église en France après la tempête révolutionnaire ?
L’analyse des maçonneries subsistantes et la structure de l’édifice nous révèlent trois chantiers durant l’époque gothique.
La partie la plus ancienne est la nef et correspond à un édifice barlong, assez bas et couvert d’une charpente à fermes. La maçonnerie fait appel à un appareil parfaitement assisé et régulier de calcaire à grain assez grossier et assez fragile qui a tendance à se déliter. Il n’en subsiste que le mur sud percé de deux baies semblables en lancette inégalement réparties et d’un lavabo avec un conduit d’évacuation maçonné à son extrémité est. La partie inférieure ouest de ce mur présente, à l’extérieur, des traces de reprises de maçonnerie correspondant peut-être à un entrée latérale condamnée avec l’apport des terres sur le cimetière.
L’architecture gothique n’est introduite dans le Midi qu’à partir de 1250-1260 sous l’impulsion des ordres mendiants, principalement Dominicains et Franciscains. Les baies sont simples, la brisure y est peu accentuée et l’arc d’ébrasement intérieur est en plein cintre. L’arc de la niche du lavabo est plus marqué. Ces indices plaident pour une réalisation du dernier quart du XIII° siècle, vers 1270-1280.
Le second chantier concerne l’érection du mur clocher ouest dans son intégralité. L’appareil est régulier et assisé en grès avec quelques blocs de calcaire. Le harpage avec les murs de la nef se lit clairement à l’extérieur de l’angle sud-ouest où l’on constate que les lits de pose ne sont plus en correspondance. Le portail d’entrée à triple voussure à tore et en arc brisé, en est l’élément le plus recherché. Les corbeilles des chapiteaux sont à feuillages à faible relief ou lisses. Les bases sont à plinthes circulaires et tores aplatis. Les piédroits de l’ébrasement conservent les trous barriers et des gonds métalliques. L’entrée était protégée par un auvent de charpente dont subsistent trois corbeaux et huit trous de scellement dans les maçonneries. Le clocher conserve, en sa partie supérieure, deux arcs brisés destinés à accueillir des cloches. L’état de dégradation de son couronnement ne permet pas d’indiquer s’il présentait un pignon droit ou un pignon triangulaire. L’élément le plus original est, au-dessous des arcs des cloches, la présence d’un escalier de sept pierres en saillie qui permettaient d’accéder à la galerie du hourd bâtie de part et d’autre des arcs dont témoignent les alignements réglés de quatre corbeaux de la face ouest et de cinq sur la face est.
Le tracé du portail1 correspond à une réalisation des années 1310-1320.
Le troisième chantier de la période gothique est l’érection du choeur voûté et du second clocher. L’ensemble maçonné est homogène et comprend les murs, les contreforts et le clocher. L’appareillage est essentiellement en grès associé indifféremment à quelques blocs de calcaire dur. Les élévations sont plus hautes et le système constructif est l’expression d’une architecture à voûte d’ogive plus élaborée mais très sobre. La base du clocher est percée d’un arc diaphragme en arc brisé et à bord chanfreiné. Au-dessus de la couverture de la nef dont le niveau est souligné par un solin au mortier, une petite porte barlongue à coussinet donne accès au comble du choeur au-dessus de la voûte. Le gable du clocher s’achève avec deux baies brisées identiques surmontées d’une troisième plus petite. Le choeur est sensiblement carré et voûté d’une croisée d’ogive dont les arcs à profils prismatiques1 reposent sur des colonnes engagées circulaires à chaque angle. Celles-ci sont pourvues d’une base à plinthe prismatique et tore aplatis ainsi que d’un chapiteau à feuillages en frise (feuilles de châtaignier à l’ouest et feuilles de chêne à l’est). L’éclairage provient de deux baies en lancette situées dans l’axe du chevet et d’une troisième située dans l’axe du mur méridional. Sur ce mur, un lavabo avec une cuvette de pierre trouve place près de l’angle sud-est sous une niche en arc brisé à bords chanfreinés. En vis-à-vis, subsiste un placard barlong avec sa feuillure. Un second placard semblable existait dans l’épaisseur du mur du chevet. Il en subsiste un piédroit.
Le mur nord aveugle conserve à l’extérieur une série de six corbeaux répartis régulièrement entre les contreforts nord et nord-est, indiquant la présence d’un ouvrage en charpente accolé ; galerie et escalier d’accès au clocher ou appentis ?
Le dessin des lancettes présentant des arcs en plein cintre, le dessin des chapiteaux et des bases des colonnes, les frises de feuillages qui les décorent, le dessin des arcs brisés du lavabo et du mur diaphragme indiquent une réalisation des années 1340-13502.
A cette campagne sont probablement associés des vestiges de peintures murales de la nef. Il semble que l’on soit en présence de trois couches de peintures. La plus superficielle appartient aux travaux de 1825-1833; elle correspond à un badigeon blanc et porte la trace d’une frise sommitale au trait rouge. En dessous, apparaissent deux couches d’enduits. Le premier présente des traces de grands à plats ocres roux et rouge qui s’apparentent aux effets en tâches que l’on retrouve au rez-de-chaussée de la tour nord-est de la collégiale Saint-Pierre à La Romieu (Gers) où ils ornent le cœur d’octogones formant la trame3. Les fragments identifiés semblent encore plus proches de ceux de la maison Rieux, à Saint-Antonin-Noble-Val (Tarn-et-Garonne)1 où ils dessinent un damier irrégulier mais parfaitement pochés d’ocres et de bleu. Le motif se caractérise par un cerne noir épais de tracé libre qui découpe le fond de la trame en deux à plats contrastés. Ces peintures pourraient avoir été réalisées lors ou à la suite de la campagne de 1340-1350.
La dernière couche picturale correspond à des scènes. On y décèle, ici, un fragment de drapé tracé de traits rouges et bleus-noirs sur un fond blanc avec des à plats rouges-roses et noirs, là, un œil dessiné au trait noir. Le traitement rappelle les peintures du chevet de la prieurale Saint-Sauveur à Saint-Macaire sans qu’il soit possible d’aller plus loin dans les comparaisons tant les fragments lisibles sont réduits. Sa réalisation se situe à la suite des campagnes de travaux de 1270-1280 ou de 1310-1320. La modification des dispositions de la fin du XIII° siècle peut justifier une reprise partielle puis la réalisation d’une nouvelle décoration lors de l’érection du nouveau chevet.
Il est difficile d’imaginer l’environnement de l’église à cette époque. Le cimetière clos sur le flanc méridional existait déjà. Cette disposition se retrouve sur les sites d’églises proches. Son nivellement apparaissant avec la seconde campagne de construction, vers 1310-1320, dont le seuil du portail indique le niveau. L’appareillage du mur de clôture conservé, à l’est, est parfaitement régulier et assisé. Son niveau actuel est sensiblement au-dessus de celui du seuil du portail d’entrée qui est plus haut d’environ 1,20 mètre que celui du sol actuel de l’église mais il reste plus bas en sa partie orientale.
III - 2 La période classique (1680-1695)
Le terrain longeant le flanc septentrional reste aujourd’hui, dans sa partie orientale, assez proche du sol naturel. Il a cependant été lessivé par les eaux de ruissellement comme semble l’indiquer le déchaussement des fondations de l’angle nord-est du choeur. La partie occidentale de cette parcelle à dû être remblayée lors de la réalisation du presbytère contre l’église.
Nous ne disposons que de fort peu d’information sur cette construction aujourd’hui dérasée. Les maçonneries sont de moellons avec un chaînage d’angle en besace. Un ancien cliché de carte postale repris en tête des articles Maurice Expert montre une bâtisse à simple rez-de-chaussée et à toiture en appentis rejetant les eaux à l’extérieur. L'égout est peu saillant et probablement traité par une génoise. La construction s'arrête au niveau du contrefort nord-ouest du choeur par un demi-pignon aveugle. La façade septentrionale est percée de trois fenêtres en arc surbaissé ouvrant à la française et protégées par des volets et d’une porte à son extrémité occidentale. Un conduit de cheminée parallélépipèdique apparaît contre le pignon de la façade occidentale bâtie en avant du mur clocher. Cette élévation nous est inconnue mais son revers montre un pignon en demi-chapeau de gendarme débordant le solin de l’appentis et semble également couronnée d’une génoise. Le positionnement de ce pignon qui parait avancer de 0,8 à 1,2 mètre du nu de la façade septentrionale du clocher, correspond à l’extrémité conservée du mur nord du presbytère. L’angle septentrional du premier clocher a été entaillé jusqu’au nu du mur de la nef pour aménager l’entrée de la cure entre le mur de la nef et la cheminée. Il se peut qu’il y ait eu une fenêtre de l’autre coté de la cheminée.
Le traitement de ce pignon en chapeau de gendarme et la forme des fenêtres indiquent une construction de la fin du XVII° ou du début du XVIII° siècle.
Maurice expert note dans sa chronique de la vie de la paroisse que l’abbé François Chastard, curé de Montclaris des environs de 1680 à 1695, “fit faire les fonds baptismaux qui portent la date de 1688 gravée sur la pierre”). Jean-Bernard Marquette nous indique que cette cuve de forme octogonale, était taillée dans un unique bloc de calcaire. Son plan représente un bassin d’environ 1 mètre de diamètre et épais d’une vingtaine de centimètres.
Jean-Bernard Marquette relie la présence d’un autel en bois peint et doré encore en place vers 1955 (le long du mur septentrional?) aux mentions de Charles Braquehaye qui évoquait , en 1887, un morceau de cuir gaufré et peint qui servait de façade à un autel, aux peintures murales du chevet montrant des pilastres encadrant l’emplacement de l’autel et évoquant la présence d’un ciel ou d’une architecture au-dessus de l’autel. Il en déduit l’existence d’un autel à baldaquin du XVII° ou XVIII° siècle. Les vestiges de cet ancien maître-autel, en place en 1825, auraient été déplacés lors de la pose de celui de marbre en 1858 ou 1865.
Dans son article Jean-Bernard Marquette évoque aussi la présence d’un lambris en anse de panier du XVII° siècle ou postérieur qui recouvrait la nef.
Ces quelques données mises bout à bout établissent que l’abbé Chastard fût l’instigateur d’une importante rénovation de l’édifice qui s’accompagna de la construction du presbytère et que l’on peut dater sans erreur entre 1680 et 1690.
II - 3 La période néo-classique (1806-1825/33)
L’édifice traversa la tempête révolutionnaire non sans dommages car quinze ans plus tard, en 1806, la municipalité d’Aillas, auquel il appartient, étudie un projet de démolition, évalué à 3 970 livres et 7 sols, auquel elle finit par renoncer.
En 1819 l’abbé Bertrand François Castéra, ancien aumônier à la cour de Louis XVI, arrive à Montclaris. Premier et dernier curé résident après trente ans de vacance, il est l’inspirateur de la dernière rénovation de l’édifice. Il trouva en Jacques Delpech de Montfort, maire de Bazas, dont la famille était originaire de Montclaris une ressource précieuse.
Sa première entreprise fût la construction ou la réparation de la sacristie à partir de 1822, menée peu avant ou en même temps que la rénovation de l’église. Il est difficile de la localiser aujourd’hui. Il se pourrait qu’il s’agisse de la petite construction en appentis adossée contre la moitié méridionale du chevet, bâtie sur un remblaiement dont on peut encore voir la trace. La communication avec l’église devait alors se faire par une ouverture pratiquée en défonçant le placard de l’angle sud-est.
Son grand chantier reste la remise en état de l’église. On lui doit les peintures murales qui subsistent principalement dans le choeur ainsi que, selon Maurice Expert, plusieurs tableaux réalisés à cette époque pour la décoration de l’édifice:
- un Christ en croix derrière le maître-autel
- pour l’autel Notre-Dame, à droite en rentrant, contre le mur méridional, une Assomption ; vierge Marie s’élevant dans les airs sur les nuées avec à ses pieds sainte Claire d’Assise, fondatrice des Clarisses,
- une Vierge remettant le Rosaire à saint Dominique,
- un dernier Christ en croix avec à ses pieds saint Martin, en crosse d’évêque et mitre, derrière l’autel Saint-Martin (surmonté d’une inscription: “autel privilégié”) situé à gauche en rentrant, contre le mur septentrional, en vis à vis de celui de la Vierge.
L’édifice fût entièrement repeint à l’intérieur. Ces peintures semblent avoir été faites sur un enduit mince probablement réalisé à cette occasion. L’intérieur reçut un badigeon blanc uniforme encore visible sur les murs de la nef et du choeur. Dans le choeur, ce fond fût rehaussé, de part et d’autre de l’autel majeur, par un trompe l’oeil simulant un pilastre ocre jaune soutenant un entablement tracé avec des filets et reposant sur une plinthe ocre rouge. Les panneaux entre les pilastres et les colonnes d’angle également soulignées de jaune, reçurent des trophées mêlant crosse, mitre et croix épiscopales dans un cartouche rectangulaire. Le mur septentrional reçut une litre formant une frise de dessus d’autels timbrés chacun d’un petit cartouche et surmonté d’une urne. La voûte et le tympan des arcs reçut un badigeon coquille d’oeuf. Les fûts des colonnes d’angle étaient peints en faux marbre jaune veiné de rouge et les chapiteaux en rouge.
Il est difficile de déterminer si le badigeon blanc du portail d’entré a été réalisé lors de ces travaux ou s’il existait déjà au XIV° siècle et qu’il a simplement été rafraîchi.
Quelques traces de scellement, notamment dans le choeur contre le mur diaphragme attestent de la présence de statues qui complétaient ce décor.
La disposition de l’église est pour cette époque assez claire. Le choeur est divisé en deux par un emmarchement sur toute sa largeur souligné par une table de communion en fer forgé dont les engravements sont conservés. L’autel principal est baroque en bois doré avec un baldaquin de cuir et occulte la partie inférieure des lancettes. Une banquette maçonnée est aménagée contre le mur diaphragme. Le pavement est de carreaux de terre cuite non vernissée aux rangs décalés d’un demi module disposés perpendiculairement et de part et d’autre de l’allée centrale individualisée. Dans la nef, deux autels se font face, celui de la Vierge est contre le mur méridional entre les deux baies en lancettes. La cuve baptismale est placée à gauche de l’entrée et la chaire est probablement située à l’opposé, contre le mur de l’arc triomphal. A l’extrémité occidentale, le portail débouche sur un escalier à degré adoucis de six marches, surmonté d’une tribune en bois à laquelle on accède par un petit escalier raide en bois disposé en L dans l’angle sud-ouest. La nef est voûtée d’un lambris en anse de panier.
Le pavement de terre cuite qui subsiste dans la nef et une partie du chœur, appartient-il à cette campagne ou faut-il le rattacher aux travaux précédents ? 1. La conservation de l’autel baroque et des fonds baptismaux nous incite à penser que l’escalier et ce pavement sont des années 1680-1690 avec probablement quelques reprises de 1825. La campagne de 1825 aurait alors porté essentiellement sur la réfection de la couverture, la réparation ou la pause du lambris dans la nef et les peintures murales.
III - 4 Les constructions de chronologie indéterminée
Trois constructions restent encore à identifier : le porche, le chai et la tourelle.
Le porche n’est connu que par ses vestiges de murs et la porte d’accès qui s’appuie contre le clocher occidental. C’est là une mauvaise construction réalisée avec des matériaux de réemploi. Les maçonneries sont de moellons avec des morceaux de tuiles ou de briques. Les angles et les piédroits sont de pierre. Le linteau de la porte est en bois. La couverture était en appentis avec l’égout à l’ouest. Il semble n’avoir occupé qu’une partie du devant de la nef comme l’indique le départ de la fondation d’un mur au nord et la trace d’engravement sur la façade occidentale du clocher. Il venait buter sur l’extrémité du presbytère bâti légèrement au-devant du clocher. Les vestiges actuels pourraient avoir étés édifiés lors de la rénovation de 1825 ou peu après.
Le chai qui occupait le flanc septentrional du choeur a aujourd’hui totalement disparu à l’exception peut-être de quelques fondations. Il apparaît sur la carte postale en tête de l’article de Maurice Expert. Il s’agit encore d’une construction en appentis qui jouxtait et prolongeait le presbytère mais qui, du fait de la déclivité du terrain, était beaucoup plus basse. Sur le cliché elle semble être une fois et demie plus longue que le choeur. Le bâtiment était éclairé par deux petits jours barlongs aménagés en haut des murs. La maçonnerie semble être en grande partie en pierre d’un mélange de blocs assisés et de moellons équarris. La porte barlongue est à linteau monolithe. La différence de niveau rendait impossible la communication avec le presbytère et avec l’église. Son édification doit se situer au cours des XVIII° et XIX° siècles, vraisemblablement entre les deux rénovations identifiées car l’église ne dispose plus de curé résident à la mort du père Castéra en 1833. L’entretien de l’église ayant été négligé depuis la Révolution, les travaux sont probablement antérieurs ou à rattacher à la campagne de 1825 mais en ce cas comment expliquer la très médiocre qualité des maçonneries du porche qui sont contemporaines.
Sur le plan cadastral de 1848, l’espace entre la sacristie et le chai est bâti. S’agissait-il d’un prolongement du chai ou d’une pièce avec une fonction spécifique ? Dans tous les cas, le nivellement actuel du sol indique que ce volume bâti était au niveau et vraisemblablement en communication avec le chai.
Une tourelle faisant corps avec le clocher occidental figure à l’angle sud ouest de la nef sur la vue qu’offre la carte postale. Il n’en subsiste actuellement aucune trace. Montait-elle de fond ou n’était-elle bâtie qu’au dessus de la nef ?
Un poème de M. Anselme corrobore cette présence. Toutefois ce texte doit être abordé avec prudence, l’église y est qualifiée de “Romane” avec des “arcs-boutants” pour indiquer des contreforts.
Quelques repères dans l’histoire récente de l’édifice
La lecture de la bibliographie réunie permet de relever les dates et les événements suivants présentés chronologiquement.
M. François Chastard “fit faire les fonds baptismaux qui portent la date de 1688 gravée sur la pierre.” Expert M.
Trace d’un baldaquin surmontant l’autel du choeur sur les peintures murales. Mention correspondante d’un autel en bois peint et doré qualifié de baroque par J.B. Marquette encore en place vers 1955 et, en 1887, d’un morceau de cuir gaufré et peint qui servait de façade à un autel. J.B. Marquette date cet autel à baldaquin du XVII° ou XVIII° siècle. Les vestiges de l’ancien maître-autel en place en 1825 auraient été déplacés lors de la pose de celui de marbre en 1858 ou 1865.
Besoin de travaux en 1806 et projet de démolition abandonné.
Construction ou réparation de la sacristie après 1822 menée peu avant ou en même temps que la rénovation de l’église.
Restauration en 1825 par le curé Bertrand François Castéra avec l’aide de M. Jacques Delpech de Montfort, maire de Bazas
Selon Maurice Expert, plusieurs tableaux ont été réalisés à cette époque pour la décoration de l’édifice:
-un “Christ en croix derrière le maître-autel
- pour l’autel Notre-Dame, à droite en rentrant, une Assomption ; vierge Marie s’élevant dans les airs sur les nuées avec à ses pieds Sainte-Claire d’Assise, fondatrice des Clarisses,
- Une vierge remettant le Rosaire à Saint-Dominique
- un dernier tableau christ en croix avec à ses pieds Saint-Martin, en crosse d’évêque et mitre derrière l’autel Saint-Martin (surmonté d’une inscription: autel privilégié) situé à gauche en rentrant en vis à vis de celui de la vierge.
Fonte d’une cloche de 250 kg en 1844 “Fondue en 1844, à Montclaritz, aux frais des habitants : Parrain: M. Raymond Chevassier - Marraine: Mme Anne Théonie Perroy, épouse de M. Gasq - M. Serres, curé - Martin père et fils, fondeurs - Saint-Martin, priez pour nous.” Bénie le 18 juin 1844 par l’archiprêtre de Bazas.
Un tableau offert en 1847 par M Bertrand Gourgues représentant Saint-Pierre “patron de la paroisse”
Maître autel en marbre blanc offert en 1858 par Mme Chevassier (gravure sur coté gauche) J. B. Marquette avance la date de 1865 pour le même événement.
Le 2 novembre 1930 chute de la cloche qui se détacha du joug.
Refonte de la cloche en 1932. Baptisée le 18 décembre elle portait gravé; “Je suis faite en 1932 pour l’église annexe Saint-Martin de Montclaritz. Je remplace celle qui fut fondue en ce lieu en 1844, aux frais des habitants. Parrain : M. Octave Dubos - Marraine : Mme Marie-Amélie Poujardieu, née Dubos - Maire de Sigalens : M. Léonard Lacoste - Curé-desservant : M. Maurice Expert - M. Amédée Vinel, fondeur à Toulouse.”.
Porche sans toiture en 1935.
Les offices n’y sont plus célébrés depuis 1940.
1944, transport des objets du culte à l’église de Sigalens.
8 août 1953, déclassement de l’édifice par le conseil municipal de Sigalens
décembre 1953, démontage du maître-autel de marbre, réédifié à l’église de Sigalens en mars 1954.
abandon d’un autel baroque et d’un bénitier monolithe volé par la suite (après 1955-56)
présence de cheminées de marbre dans la cure.
mars 1962 tentative de démolition des clochers et du choeur ceinturés par un filin d’acier tiré par un tracteur.
1965 Nettoyage de l’édifice, réfection de la couverture au-dessus de la voûte du choeur et pose de deux tirants par l’équipe du docteur Chapeyrou et son “Comité de sauvegarde de l’Art français”. Nettoyage complet du cimetière par la municipalité.
2 juillet 1987 Inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques de l’ancienne église Saint-Martin à Montclaris (façades et toiture du choeur, tombe du père Castéra).
AVEC LE CONCOURS DE :
Conseil Général de la Gironde
Conseil Régional d’Aquitaine
Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Aquitaine
Service Départemental de l’Achitecture et du Patrimoine de la Gironde
Mairie de Sigalens
Association des amis du val de Lisos
J-L Montarnier, architecte, urbaniste, docteur en histoire de l’Art & archéologie
Photographies de Paul Cassot, ingénieur Arts & Métiers, photographe